Le phoque du Groenland (du genre Pagophilus groenlandicus) ou phoque à selle, est un mammifère carnivore, de la famille des phocidés.
Le terme pagophilus vient du grec pagos désignant la glace et philos celui qui aime, en référence à l'habitat de l'espèce (Phocagroenlandica).
Aux îles de la Madeleine, on l’appelle également loup-marin et les Norvégiens le nomment selhund (chien de mer). Et en effet, des restes fossilisés prouvent que cette espèce était déjà présente vers le milieu du Miocène (20 millions d’années passées) et qu’il descend de mammifères terrestres carnivores.
Certaines études suggèrent que cette dernière pourrait être génétiquement distincte des deux premières (différences de dimensions des crânes et des corps).
La population de l’Atlantique nord-ouest se divise en deux troupeaux : celui du Front qui se reproduit sur le pack arctique (environ 2/3) et celui du golfe du Saint-Laurent (environ 1/3) qui se reproduit au large des îles de la Madeleine.
Selon le dernier recensement officiel effectué par le Dr. MikeHammill, scientifique du ministère des Pêches et des Océans le troupeau de l’Atlantique nord-ouest était évalué à 9,8 millions d’individus en 2008. L’Union internationale pour la conservation de la Nature lui réserve d’ailleurs son meilleur statut de conservation (LC, qui veut dire « préoccupation mineure »).
Petit jaune (0 à 3 jours) : À sa sortie du placenta, le nouveau-né est un peu fripé et sa fourrure aura une teinte jaunâtre qui disparaîtra au bout de quelques jours.
Blanchon (3 à 10 jours) : Sa fourrure tourne au blanc immaculé. Comme il se nourrit d’un lait maternel extrêmement riche en matière grasse (environ 45 %), il gonfle littéralement de jour en jour, au point de s’arrondir et se déplacer avec difficulté.
Blanchon dépassé (11 à 14 jours) : Sevré durant l’étape préparatoire à sa première mue. La longue fourrure blanche est encore fermement attachée, mais un pelage gris argenté commence à pousser.
Tanneur (13 à 18 jours) : Sevré au milieu de sa première mue. La fourrure blanche se détache facilement et sa peau ne peut servir qu’au cuir, d’où son nom de tanneur.
Guenillou (17 à 25 jours) : Sevré et au dernier stade de sa première mue. Il se reconnaît facilement à ses poils mi-longs et blanchâtres et à ceux mi-courts et grisâtres. Son nom réfère à son aspect « clochard ».
Brasseur (25 jours à 1 an) : La mue est achevée et son poil est maintenant entièrement court et d’une couleur gris argenté tacheté de noir. Comme il ne s’est pas encore battu, sa peau est d’une grande qualité. On l’appelle ainsi car il apprend tout juste à nager et, malhabile, « brasse » l’eau lors de ses premières tentatives.
Bête de la mer (1 à 5 ans) : Le phoque du Groenland commencera à se reproduire pendant cette période, tout en poursuivant sa maturité. Des taches en forme de cœur ou de harpe (d’où le nom anglais de harp seal) font leur apparition sur la fourrure grise. Ce surnom lui a été donné par les pêcheurs bretons vers le XVIe et le XVIIe siècle.
Cœur marqué ou vieux cœur (plus de 5 ans) : À pleine maturité, des cœurs noirs ou bruns bien marqués apparaissent sur sa fourrure grise. L’appellation « à selle » réfère à la forme de la tache qui chevauche le dos de l’adulte. À ce stade, la tache, la tête et la queue seront noires, le reste plutôt gris acier.
Adulte, le mâle n’est que légèrement plus gros que la femelle avec une moyenne de 1.6 mètre pour un poids variant de 85 kg à 190 kg selon la période de l’année. Cet animal peut vivre environ 30 ans, plus dans certains cas exceptionnels.
Le phoque du Groenland se reproduit sur la banquise. Il mue sur les grandes plaques de glace. Il vit au large le reste de l'année.
Nul doute que les températures anormalement élevées des dernières années et le manque de glace dans le golfe a affecté le comportement de ces animaux, mais alors que les scientifiques craignaient que les jeunes ne puissent survivre sans glace adéquate, les observateurs ont noté que les phoques descendent simplement moins au sud et mettent bas sur les glaces au nord de Terre-Neuve ou sur les côtes. Leur instinct les pousse sans doute à chercher du solide puisque les nouveau-nés en ont besoin pour survivre pendant les deux premières semaines.
Le phoque du Groenland est un mammifère particulièrement grégaire. Seuls, les vieux mâles vivent en solitaires. Plusieurs individus maintiennent la glace ouverte ou utilisent une cassure naturelle dans la surface glacée pour se mettre à l'eau et revenir respirer.
La migration vers le sud débute à l’automne et le troupeau atteint le détroit de Belle-Isle (entre Terre-Neuve et Labrador) en décembre. La mise à bas se fera en février/mars et en avril/mai, l’animal muera avant de retourner dans le nord.
Le jeune consomme du krill, des amphipodes et des petits poissons. L'adulte se nourrit surtout de poissons, mais mangera tout ce qui se trouve sur son chemin s’il a faim (crabes, homards et autres crustacés).
C’est en janvier et février (lors de son passage dans nos eaux) que cette espèce se nourrira le plus intensément, les femelles ayant besoin d’un maximum d’énergie afin de nourrir leurs petits.
Chaque individu consommera entre 1 et 1,5 tonne de poissons et crustacés chaque année. À plus de 10 millions d’individus, le troupeau de phoques du Groenland ingurgitera donc environ 15 millions de tonnes de poissons et crustacés. De son côté, la flotte de pêche québécoise dans son entier en prélève 0,5 millions de tonne, soit 3 % (ou 30 fois moins) que ce que consomme le seul troupeau de phoques du Groenland.
Devant le constat de la baisse généralisée des stocks de poissons, les pêcheurs ont blâmé en partie la surpopulation de phoques. Les scientifiques ont donc été consultés et leurs recherches n’ont pas déterminé que la morue (par exemple) constituait un pourcentage important de la diète du phoque.
De leur côté (vidéos à l’appui), les pêcheurs observaient pourtant que chaque fois qu’un ou des phoques (ils chassent généralement en bande) tombaient dans un banc de morue, c’était l’hécatombe.
Ils se sont donc interrogés sur la méthodologie utilisée par les chercheurs.
Afin de déterminer la diète du phoque, les scientifiques prélèvent des estomacs de phoques et en analysent le contenu. Évidemment, après un moment, les aliments ingérés ressemblent à une bouillie informe qui sera rejetée après plus ou moins 24 h. Mais avant que l’animal ne défèque, certaines parties du poisson résisteront aux acides stomacaux; c’est le cas des otolithes, ces petits os qui se trouvent à l’intérieur de la tête de la morue.
Les scientifiques estiment donc que la présence d’otolithe peut se traduire en consommation de morue et son absence, en non-consommation de morue. Mais voici deux problèmes majeurs que le simple bon sens oppose à cette théorie :
Le gros bon sens nous dit également plusieurs autres choses :
Lorsqu’il y a surpopulation de prédateurs, les ressources en bas de la chaîne alimentaire finissent par en souffrir, ce qui cause, sans aucun doute, un déséquilibre dans l’écosystème;
L’homme est l’autre prédateur qui agit sur ce même écosystème (même si c’est à 1 contre 30). Il a sans doute sa part de responsabilité dans ce déséquilibre, mais comment expliquer qu’une fois le moratoire sur la morue mis en application, les stocks ne remontent toujours pas? Évidemment, parce que la prédation la plus importante est hors de contrôle.
Chez le phoque du Groenland, la femelle est apte à se reproduire entre 3 et 7 ans, le mâle entre 3,5 et 5 ans.
La femelle met bas un seul jeune peu de temps après son arrivée sur la banquise (février/mars). La parturition1 dure environ une minute. Aussitôt après, la femelle pivote sur elle-même pour rompre le cordon ombilical.
Le nouveau-né pèse environ 11 kg pour 85 cm. Il tètera 4 à 5 fois par jour et gémira pour indiquer à la mère qu’il a faim. Il semble qu’elle le distingue des autres par son odeur et peut-être également par son cri. Après une dizaine de jours d’une diète au lait riche à 45 % de matière grasse (en comparaison à environ 4 % pour le lait de vache), il triplera de poids pour atteindre 33 kg et plus de la moitié de ce poids sera de la graisse.
La femelle restera avec le jeune de 10 à 12 jours et l’abandonnera ensuite pour aller s’accoupler avec un ou plusieurs mâles. Elle redevient fertile deux semaines après la parturition, à la fin de la période d’allaitement. La gestation dure 11 mois et demi, mais le développement de l’embryon est différé, ce qui fait que la naissance a lieu chaque année à la même période.
Dans leurs délires habituels, les animalistes prétendent qu’au temps de l’explorateur français Jacques Cartier, la population de phoques atteignait des dizaines de millions d’individus. Puisque les relevés aériens effectués par Jacques Cartier au cours de ses trois voyages dans le golfe du Saint-Laurent sont plutôt rares… on pourrait tout aussi facilement avancer que cette population était seulement de 5 000 individus.
En vérité, les premiers recensements des populations de loups-marins n’ont commencé à être effectués qu’au début des années 1950. Avant cette date, on ne possède que des chiffres partiels et approximatifs des débarquements.
Comme c’est souvent le cas dans la recherche scientifique, on a procédé à bon nombre d’essais/erreurs avant de trouver une méthode efficace. Au début, des photos aériennes étaient utilisées pour dénombrer les naissances, mais la fourrure blanche des nouveau-nés sur la neige blanche engendrait des photos floues aux résultats trop incertains.
Dans les années 1970, on a découvert que la fourrure du blanchon absorbait les rayons ultraviolets et qu’avec ce genre de photos, chaque présence de blanchon sur la banquise produisait une tache noire sur la pellicule; cette méthode de relevés photographiques est donc devenue plus fiable.
Bien que pas toujours facile à calculer, d’autres données peuvent servir à évaluer la population. L’indice de survie, les méthodes de marquage et de recapture ainsi que les modèles informatiques font partie de ces nouvelles techniques d’évaluation de la population du troupeau de phoques du Groenland.
En utilisant les meilleures techniques disponibles à l’époque, les scientifiques ont noté une diminution inquiétante du troupeau, entre les années 1950 et 1970, passant d’environ 3 millions à 1,8 millions d’individus.
Des quotas plus sévères ont donc été instaurés et, de son côté, le phoque s’est adapté et a précipité son âge de maturité sexuelle. De 2-3 ans, il est passé à 1-2 ans, ce qui fait que les femelles pouvaient engendrer plus rapidement.
Avec l’arrivée des « anti-chasse », la prédation humaine s’est résorbée et le troupeau en a profité pour exploser. Lorsque le Canada a décidé de suivre les recommandations du Rapport Malouf(au début des années 1980) à l’effet de cesser la chasse aux blanchons, déjà, les vieux pêcheurs, diplômés de la mer, ont mis le gouvernement en garde : « Attention, si on ne contrôle pas la population, on risque de déséquilibrer l’écosystème ».
Les rapports officiels font état d’une population d’environ 3 millions d’individus, dans les années 1980, de 5 millions dans les années 1990 et de 7 millions dans les années 2000.
Phoque du Groenland de l'Atlantique Nord-Ouest
Mais voilà qu’au mois de décembre 2010, le grand spécialiste de la question, le Dr Mike Hammill, avoue que les prédictions ont été trop conservatrices. En 2008, le troupeau était plutôt d’environ 9,8 millions. En 2011, avec les centaines de milliers de naissances annuelles, nous sommes maintenant bien au-dessus de la barre des 11 millions, un record historique et une menace pour l’écosystème. Les vieux pêcheurs avaient bien raison après tout!
Questionnés sur les modèles qui ont servi à établir la population des phoques du Groenland, les chercheurs ont avoué se baser sur des modèles de mammifères terrestres, tels les cerfs ou les caribous.
Le problème évident avec ce genre de modèles, c’est que le mode d’alimentation de l’un et de l’autre diffère totalement. Typiquement, le cerf se déplacera sur un rayon de quelques dizaines de kilomètres pour se nourrir. Au-delà de cette distance, l’apport en calorie ne vaut pas la dépense d’énergie.
Le phoque pour sa part se déplace aisément sur d’impressionnantes distances. Grâce à des émetteurs qui permettent de suivre les déplacements de certains phoques, on a pu constater qu’en 48 heures, ces carnivores marins peuvent aller de l’est des États-Unis jusqu’à Terre-Neuve et plonger à des profondeurs de plusieurs centaines de mètres.
La résilience des phoques est donc non comparable à celle des mammifères terrestres et le modèle de ceux-ci ne s’applique donc pas.
Résultat : les scientifiques se sont gravement trompés dans leurs estimations.
Il faudra peut-être que la communauté scientifique commence à faire preuve d’humilité et consulte davantage les gens qui ont accumulé leurs connaissances sur le terrain plutôt que sur les bancs d’école et dans les laboratoires.
Les travailleurs de la mer restent les premiers concernés par les ressources marines desquelles ils dépendent pour vivre. En cas d’arrêt de la chasse et donc de pénurie de la ressource, le pêcheur se retrouve sans salaire et sans rien pour nourrir sa famille; le scientifique lui, optera simplement pour un autre champ d’étude…
Le scientifique se fie à des modèles, des calculs, des cueillettes de donnée; le pêcheur d’expérience voit et analyse depuis des décennies une situation concrète qu’il juge avec discernement parce qu’il y va de son gagne-pain. Ces deux acteurs d’une même problématique, le scientifique et le pêcheur, devraient donc travailler de concert, la main dans la main afin d’optimiser les résultats; et les décideurs devraient se fier autant à l’un qu’à l’autre (sinon davantage au pêcheur) afin de rendre des décisions efficaces concernant la gestion des ressources marines.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la faune, organisme écologiste hautement crédible et réunissant 11 000 scientifiques et experts bénévoles répartis dans 160 pays, le phoque du Groenland est en bas de la liste des préoccupations écologiques (Least concern) avec une population tendant à augmenter.
The IUCN Red List of Threatened Speciestm
En fait, s’il y a problème au niveau de ce troupeau, c’est qu’il est en expansion incontrôlée.